Une fascination qui dépasse les frontières
Depuis quelques années, un vent venu du Japon souffle sur la scène gastronomique française. Manga, cérémonie du thé, wabi-sabi, minimalisme…
Le pays du Soleil-Levant inspire un nombre croissant de Français, bien au-delà des cercles de passionnés. Au cœur de cet engouement, un produit traditionnel attire de plus en plus l’attention : le saké japonais.
Longtemps méconnu ou mal compris, souvent confondu avec un spiritueux fort, le saké connaît aujourd’hui une véritable reconnaissance en France.
Sommeliers, chefs, cavistes et amateurs éclairés redécouvrent ce breuvage d’une richesse insoupçonnée, bien plus proche du vin que de la vodka.
Mais pourquoi un tel attrait pour le saké japonais ?
Quels styles existent, et comment le marier aux mets français ou japonais ? Que révèle-t-il de notre rapport au goût, à la tradition, à l’exigence ?
Dans cet article, nous allons explorer les raisons de cet engouement croissant, les différentes catégories de saké à connaître, les accords gastronomiques possibles, et comment approfondir ses connaissances grâce à des formations comme le WSET Saké, proposées par l’école Weeno.

1. Une passion française pour le Japon qui dépasse la simple tendance
L’engouement pour le saké japonais ne vient pas de nulle part : il s’inscrit dans une fascination bien plus large pour la culture japonaise.
Les mangas, une porte d’entrée générationnelle
Depuis les années 80, les mangas et animés ont entamé la découverte du Japon et de sa culture, et ont nourri l’imaginaire de plusieurs générations : Dragon Ball, Sailor Moon, Naruto, One Piece ou plus récemment Demon Slayer.
Ce lien affectif puissant a ouvert la voie à une curiosité plus large pour le Japon et ses traditions qui intriguent, séduisent et deviennent une véritable tendance de fond.
Les enfants d’hier sont devenus les foodies d’aujourd’hui.
Ils voyagent, explorent, s’intéressent à la cuisine asiatique… et se laissent volontiers surprendre par des boissons méconnues comme le saké.
Une cuisine japonaise en plein boom
Aujourd’hui, la cuisine japonaise est en plein boom et fait même partie du paysage gastronomique français :
- Sushi-bars, bento végétariens, restaurants de ramen, izakayas et omakase se multiplient à Paris, Lyon, Marseille et dans toutes les grandes villes
- Popularité des chefs franco-japonais ou des concepts fusion
- Montée en gamme des produits japonais dans les épiceries fines
Cette montée en puissance va de pair avec une recherche de qualité et de raffinement, deux valeurs essentielles de la gastronomie japonaise… et du saké, qui ne peut que trouver sa place.
L’art de vivre japonais séduit par sa finesse, son exigence et son esthétique
Au-delà de la cuisine, le saké japonais véhicule aussi l’image d’un art de vivre :
- Élégance, discrétion, précision
- Respect des saisons et des ingrédients
- Esthétique épurée, rituels raffinés
La sobriété, la précision, la maîtrise du geste, la beauté des choses simples : l’esthétique japonaise entre en résonance avec une partie croissante des consommateurs français, en quête de sens, de lenteur et d’authenticité.
Dans ce contexte, le saké apparaît comme un symbole d’excellence discrète : raffiné, subtil, exigeant, il incarne à lui seul un certain rapport au temps, à la nature, à l’émotion contenue.
Tout cela parle au public français, particulièrement attaché à la qualité et à la gastronomie.
De nombreux experts et influenceurs ne s’y trompent pas :
- Maryam Masure, sommelière spécialisée en saké et ambassadrice du nihonshu en France, anime des formations et des dégustations pour professionnels et particuliers, partageant sa passion et ses connaissances approfondies sur le saké.
- Xavier Thuizat, Meilleur Sommelier de France et ambassadeur du saké en France, affirme que cette boisson possède « la complexité du vin, la pureté de l’eau et la délicatesse d’un grand cru japonais ». Il est également le président du concours Kura Master, dédié aux sakés japonais, et œuvre activement pour l’intégration du saké dans la haute gastronomie française.
- Sylvain Huet, alias Madame Saké, est l’un des premiers à avoir positionné le saké comme un produit gastronomique à part entière en France, au même titre que le vin. Il est également le fondateur du Salon du Saké à Paris, l’événement de référence en Europe pour les professionnels et amateurs de saké japonais.
- Le compte Instagram The Sake News s’adresse aux 24-35 ans curieux de découvrir le saké. Il propose des contenus éducatifs, des dégustations et met en avant des sakés variés pour démocratiser cette boisson en France.
- Sake in Paris, autre compte Instagram dédié aux dégustations de saké à Paris, partage des expériences, des recommandations et des événements liés au saké, visant à le faire découvrir au plus grand nombre.
- La Sake Sommelier Association est la première organisation au monde dédiée à la formation des professionnels du saké, fondée à Londres en 2000 par Xavier Chapelou et Regine Lee.

Un produit de luxe en devenir
Aujourd’hui, le saké japonais évolue vers un positionnement premium :
- Importation de maisons artisanales
- Dégustation en verres dans les restaurants étoilés
- Packaging soigné, storytelling riche
- Tarifs élevés pour les Junmai Daiginjo haut de gamme
De nombreux sites de vente de sakés voient le jour en France :
- Fondée en 2006 par Arisa Suda et Jean-Jacques Bacci, Midorinoshima est une entreprise française spécialisée dans l’importation, la distribution et la vente en ligne de sakés et de spiritueux japonais haut de gamme. Leur catalogue comprend plus d’une centaine de références, allant des sakés traditionnels aux liqueurs, shōchū, awamori, whiskies japonais et rhums. Ils proposent également des accessoires de dégustation, des thés japonais et des produits liés à l’art de vivre nippon.
- WeWantSake est une boutique en ligne française dédiée à la vente de sakés japonais. Elle propose une sélection variée de sakés, allant des Junmai Ginjo aux Junmai Daiginjo, en passant par des sakés plus rares comme les Nigori ou les sakés vieillis. Le site offre également des informations pédagogiques pour aider les consommateurs à mieux comprendre et apprécier le saké.
- La Maison du Saké est une adresse incontournable à Paris pour les amateurs de saké et de culture japonaise. Fondée en 2015, elle propose une expérience immersive mêlant découverte, dégustation et raffinement. Sa sélection exceptionnelle, allant des grandes maisons traditionnelles aux producteurs artisanaux, satisfait à la fois les curieux et les connaisseurs grâce à une diversité de saveurs, du doux au riche en umami.
- Wakaze est une brasserie franco-japonaise innovante qui produit du saké en France, notamment à Fresnes, en utilisant des ingrédients locaux tels que le riz de Camargue. Fondée par Takuma Inagawa, Wakaze vise à adapter le saké au palais français tout en respectant les traditions japonaises. Leur gamme comprend des sakés classiques, des sakés aromatisés au yuzu et des éditions vieillies en fûts de whisky. Wakaze dispose également d’un restaurant à Paris, où les clients peuvent déguster leurs sakés accompagnés de plats japonais.
Comme le vin ou le whisky, le saké est en train de devenir un produit de connaisseur, associé à l’élégance, la rareté et la culture.
2. Le saké : un produit noble, complexe… et encore largement méconnu
Si le saké japonais séduit aujourd’hui les palais français les plus exigeants, c’est parce qu’il ne se résume pas à l’image d’un « alcool fort servi chaud en fin de repas asiatique ».
Cette représentation erronée — souvent liée au saké de basse qualité proposé en restauration rapide — est peu à peu remplacée par une compréhension plus fine de ce qu’est réellement le nihonshu, le « vrai saké japonais ».
Une boisson de fermentation, comme le vin ou la bière
Contrairement à une idée reçue, le saké n’est pas un spiritueux, mais une boisson fermentée à base de riz, d’eau, de levures et de kōji-kin (un champignon microscopique qui transforme l’amidon en sucre).
Titrant entre 12 et 17 % d’alcool, le saké est donc plus proche du vin que du whisky, tant dans sa nature que dans son usage à table.
Et comme le vin, il se déguste dans un verre, à température ambiante ou fraîche selon le style.

Une palette de styles d’une incroyable richesse
Comme pour les vins français, les styles de saké varient selon la région, le savoir-faire, la qualité du riz et le degré de polissage.
Voici les principales catégories, enseignées dans nos formations WSET Saké :
- Junmai : pur, sans ajout d’alcool, souvent plus structuré et umami.
- Honjozo : un peu d’alcool ajouté pour extraire les arômes, plus léger, facile à boire.
- Ginjo / Junmai Ginjo : saké plus aromatique, élégant, floral ou fruité.
- Daiginjo / Junmai Daiginjo : le sommet de la finesse, avec un riz très poli (>50 %), délicat, souvent servi lors des grandes occasions.
- Nigori : saké trouble, non filtré, gourmand et légèrement sucré.
- Sparkling saké : légèrement pétillant, parfait à l’apéritif.
Chaque style peut évoquer une émotion différente : la fraîcheur, la pureté, la texture, la complexité, la douceur… comme le ferait un vin blanc sec, un chardonnay boisé ou un champagne millésimé.
Un produit hautement gastronomique
Le saké japonais a cette capacité unique à s’accorder avec une multitude de mets, y compris ceux de la gastronomie française.
Pourquoi ? Parce qu’il est :
- faiblement acide, donc moins en conflit avec certains ingrédients délicats,
- riche en umami, la cinquième saveur, très présente dans les plats mijotés ou les champignons,
- et souvent très pur en bouche, avec une texture soyeuse qui respecte les plats.
C’est ce qui explique pourquoi de plus en plus de sommeliers français le proposent à la carte — souvent en accord avec un plat signature.

3. Des accords mets-saké franco-japonais surprenants (et délicieux)
Si le saké japonais s’impose doucement en France, c’est aussi grâce à sa capacité à créer des ponts entre la gastronomie japonaise et française.
Longtemps cantonné aux tables japonaises, il trouve aujourd’hui sa place dans des bistrots parisiens, des tables étoilées ou même… chez les amateurs de fromage !
Avec la gastronomie japonaise : une évidence
Les accords traditionnels fonctionnent naturellement, car saké et mets japonais partagent une même philosophie de pureté et d’umami.
Quelques exemples :
- Nigiri de saumon + Junmai Daiginjo : la texture fondante du poisson cru s’harmonise avec la finesse du saké haut de gamme.
- Tempura de légumes + Ginjo : la légèreté du saké contrebalance le gras de la friture.
- Soupe miso ou plats mijotés + Junmai : l’umami du plat est renforcé par celui du saké.
Mais le vrai terrain de jeu… c’est la cuisine française !
Avec la cuisine française : une révélation pour les chefs
Les sommeliers les plus curieux le disent : le saké fonctionne là où le vin échoue parfois.
- Fromages affinés (comté, parmesan, chèvre) + Junmai ou Honjozo : l’umami du saké amplifie celui du fromage sans l’agresser comme le ferait un vin tannique.
- Homard, noix de Saint-Jacques ou poisson en sauce + Daiginjo : l’élégance du saké sublime les textures délicates.
- Viande blanche, volaille rôtie + Junmai Ginjo : structure et finesse s’accordent avec la richesse du plat.
- Desserts aux fruits jaunes (abricot, pêche, mangue) + Nigori ou saké doux : accord de texture et de douceur.
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Voici notre article avec notre sélection des meilleurs accords pour la saison 2025 !
Un terrain d’expression pour les sommeliers
Des sommeliers comme Xavier Thuizat, sacré Meilleur Sommelier de France 2022, et Manuel Peyrondet, Meilleur Sommelier de France 2008 et Meilleur Ouvrier de France, militent pour l’intégration du saké dans les grandes cartes de France.
Eux-mêmes passionnés par le Japon (et marié à une Japonaise pour Xavier Thuizat), ils promeuvent des accords audacieux comme :
- Foie gras poêlé + Junmai mature
- Ris de veau + saké vieilli type koshu
- Brioche grillée + saké pétillant doux
Ces alliances ont un double effet :
- Elles surprennent les clients.
- Elles valorisent un produit encore trop peu connu… mais promis à un bel avenir.

4. Explorer le saké à la source : les voyages au Japon et les régions emblématiques
Pour beaucoup de Français, l’amour du saké naît… au Japon même.
En voyage, nombreux sont ceux qui découvrent le saké bien au-delà de l’image d’un alcool fort et servi chaud.
Sur place, ils apprennent que le saké japonais est un produit de terroir, lié à la pureté de l’eau, à la variété du riz, au climat, au savoir-faire des producteurs — un peu comme un vin.
Hyogo, Niigata et les grands terroirs du saké
Deux régions emblématiques attirent particulièrement les amateurs de saké en quête d’authenticité :
- La préfecture de Hyogo, près de Kyoto, est le berceau de certaines des marques les plus réputées du pays. C’est ici que pousse le Yamada Nishiki, la variété de riz la plus prisée pour les sakés haut de gamme.
- La région de Niigata, nichée dans les Alpes japonaises, est connue pour son climat froid, son eau de fonte cristalline et ses sakés d’une grande pureté, souvent secs, élégants et très appréciés avec la cuisine locale.
Trois kura (brasseries) à découvrir absolument
🍶 Dassai – Asahi Shuzo
Réputée dans le monde entier, cette brasserie modernise l’image du saké tout en maintenant un niveau d’exigence extrême. Dassai produit exclusivement des Junmai Daiginjo (la catégorie la plus raffinée) et mise sur la pureté et la précision. Un must pour découvrir l’excellence technologique du saké japonais.
🍶 Kuheiji – Brasserie Banjo Jozo
Une maison plus confidentielle, mais avec une vraie vision. Kuheiji est reconnue pour son élégance, sa finesse… et son lien unique avec la Bourgogne, puisque les producteurs possèdent aussi des vignes en Côte de Nuits. Un pont fascinant entre vin français et saké japonais.
🍶 Tamagawa – Kinoshita Shuzo
Située en bord de mer, dans la péninsule de Kyotango, cette kura est connue pour son design d’étiquette signé par un artiste japonais et ses sakés non pasteurisés, puissants, expressifs, parfois vieillis. Une expérience sensorielle à part entière, qui inspire au voyage autant qu’à la dégustation.
Le saké, nouvelle escale sensorielle pour les Français
Ces expériences de terrain sont souvent un déclic pour les professionnels comme pour les passionnés.
Visiter une kura, sentir l’odeur du koji, parler avec un toji (maître brasseur), déguster sur place un saké fraîchement pressé…
Cela change profondément le regard que l’on porte sur ce breuvage, encore trop souvent mal compris en Europe.
Le voyage devient alors une initiation, et le saké un pont culturel entre la France et le Japon.



5. Un engouement durable, porté par la curiosité et la transmission
Loin d’un simple effet de mode, l’intérêt croissant des Français pour le saké japonais traduit un changement profond de regard : ce n’est plus une boisson “étrangère” ou “exotique”, mais un produit culturel, artisanal, gastronomique, à part entière.
- Le public s’ouvre à de nouveaux styles, à de nouvelles textures, à une autre idée de l’harmonie entre mets et boisson.
- Les professionnels (sommeliers, cavistes, restaurateurs) sont de plus en plus formés pour parler du saké avec justesse, pédagogie et passion.
- Et grâce à des figures reconnues comme Xavier Thuizat (Meilleur Sommelier de France 2023 et fervent ambassadeur du saké), cette boisson millénaire prend enfin la place qu’elle mérite sur nos tables gastronomiques.
Envie de mieux comprendre le saké ?
Chez Weeno, nous croyons que le saké japonais a toute sa place dans la formation des professionnels et des amateurs éclairés.
C’est pourquoi nous proposons :
- Le WSET Niveau 1 Saké en ligne ou en présentiel à Marseille et Paris
- Une formation structurée, accessible, reconnue internationalement
- Une approche pédagogique claire, avec dégustations guidées et supports experts
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